22 Avril 2020

Je viens de vivre aujourd’hui un de ces moments où tout prend sa place et trouve son sens, synchronicité, grâce…

J’ai attaqué ce matin un des derniers cartons qui me restent à ouvrir et en ai sorti avec beaucoup d’émotion une poterie que j’avais offert à maman dans les années 85.

Nous habitions alors à Perpignan, et une de mes sorties préférées était la fondation Sant-Vicens, dans le quartier Gauderique. Cet atelier de céramiques a vu le jour en 1942 et a accueilli d’immenses artistes (Jean Lurçat, Picasso, Salvador Dali, etc.) qui venaient y exercer leur art, et laissaient quelques-unes de leurs créations en échange du gîte et du couvert. Le lieu est magnifique, c’est une oasis de paix, on y ressent l’âme des céramistes, sculpteurs et peintres qui y ont laissé libre court à leur inspiration. Dès que j’avais besoin d’une pause, j’allais m’y ressourcer, parfois rien que dans les jardins qui à eux seuls valaient le détour, souvent dans les ateliers et les halls de vente, m’arrêtant je m’en souviens à un cordon interdisant l’accès aux appartements privés en haut d’un bel escalier, recelant sans doute des merveilles réservées aux amis des maîtres des lieux. Le dimanche, on pouvait aussi profiter d’une escale gourmande au bord d’une piscine, cachée au fond du parc. Et je rêvais de pouvoir m’offrir une belle poterie, ou une statue. Car pour tout vous dire, la sculpture me touche profondément, beaucoup plus que la peinture, même si je sais apprécier de belles toiles, mais elles ne font jamais frissonner comme une belle statue. Je n’en ai jamais eu les moyens pour moi mais j’ai offert un vase à maman pour son anniversaire, elle en a été très heureuse et je l’ai récupéré précieusement dans ses affaires. J’y tiens énormément, c’est vous dire ma joie ce matin. D’autant que dans le même carton se trouvait un miroir en céramique, seul rescapé de mes tp de poterie au lycée. Je vous ai déjà raconté mon absence total de talent en dessin et en peinture. Eh bien, pour la poterie, c’était pareil, et malgré mes efforts, seules mes œuvres émaillées faisaient illusion. Cela a d’ailleurs donné lieu à un épisode très amusant de ma scolarité, lors de la visite du ministre de l’éducation de l’époque, comme je vous le raconte en PS...Donc les deux ont retrouvé leur place chez moi, et j’ai déjeuné en les regardant avec amour.

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Détail très drôle : j’habite depuis 2 mois avenue Jean Lurçat, eh oui, celui-là même qui a le premier contribué au rayonnement de Sant-Vicens !!!

Petits clins d’oeil à l’an 2020 maintenant !

Pour les supporters de la petite reine, rassurez-vous, le tour de suisse cycliste va bien démarrer ce soir et jusqu’à dimanche. Comment est-ce possible? Avec le confinement ? « Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années », déclamait Corneille. Un petit malin, sans doute plus attaché aux recettes publicitaires qu’aux exploits sportifs, a réussi à monter l’événement EN VIRTUEL. Dûment connectés, les champions vont ainsi s’affronter devant un écran, installé qui dans le salon, qui dans le garage, « attention, les enfants, papa est en compétition » !

 

Quand je vois tant d’inventivité, je reste convaincue que l’homme est capable du meilleur.

Quoique…

Hier ont rouvert quelques Mc Donald’s drives en Ile de France. On a vu des files de plusieurs centaines de mètres, et 3 heures d’attente étaient nécessaires pour repartir triomphant avec sa spécialité favorite ! Qui a dit que la situation actuelle allait faire réfléchir et que nous allions construire un monde nouveau???Bon, mieux vaut en rire, chacun sa petite addiction, ou son essentiel…

Belle fin de journée, profitez du soleil, mais en restant en sécurité !

PS : revenons à mon amour pour la sculpture. Ah, la scène culte de Ghost (bon, là, je m’égare…) ! J’ai eu la chance de faire ma 4° et ma 3° dans le premier établissement pilote de France, qui disposait d’installations extraordinaires, et notamment d’un bâtiment totalement dédié aux travaux manuels. Nous avions 2 heures par semaine si je me souviens bien, et nous testions les diverses activités (épouvantablement sexistes d’ailleurs, à bien y réfléchir, couture, tricot et cuisine pour les demoiselles, menuiserie et autres joyeusetés pour les damoiseaux!). Moi, je ne voulais faire que de la poterie, ce qui m’a été bien sûr refusé. Quand j’ai enfin pu y aller, vous n’auriez pas trouvé d’élève plus investie et assidue. Las, mon engagement était bien peu récompensé, mes doigts n’ont jamais réussi à coller des boudins correctement, c’est-à dire droits...Et inévitablement, mon œuvre s’écroulait comme une motte de terre avant d’avoir atteint seulement 4 ou 5 cm de hauteur, à mon grand désespoir. Mon père me consolait en me disant que la Tour de Pise était une merveille !

Or, cet établissement était si renommé que le ministre de l’éducation de l’époque, ça date, Alain Peyrefitte pour ne pas le nommer, est venu le visiter et il devait rencontrer le ou la meilleure élève de chaque niveau. Dont bibi ! Mais quand l’hélicoptère ministériel s’est posé, j’étais en poterie. Vous voyez d’ici le tableau, le ministre, quelques conseillers, le directeur, le surveillant général, une clique d’enseignants et de parents triés sur le volet, une poignée de journalistes, rien à voir avec maintenant heureusement, s’aventurant dans nos salles de travaux manuels en s’extasiant devant les diverses œuvres, jusqu’à ce que notre professeur l’arrête et me présente « Mlle Elisabeth L, la meilleure de nos 3°, excellente helléniste, etc, etc... ». Je vous jure, heureusement que les smartphones n’existaient pas, car je serais morte de honte. Je n’oublierai jamais sa poignée de main cordiale, puis son regard s’abaissant sur le tas de terre glaise informe que je m’efforçais de modeler, signifiant, même s’il était trop poli pour le montrer, « n’y aurait-il pas erreur sur la personne ? ». Heureusement, il s’est repris, m’a posé une question sur le latin et le grec dans lesquels je m’illustrais particulièrement, et les couleurs me sont revenues aux joues. Un joli souvenir quand même, immortalisé dans le journal de l’école, mais que je n’ai pas retrouvé par la suite. Et comme l’engagement et la passion sont toujours récompensés, le professeur de poterie, pleine de compassion, a exceptionnellement accepté que je passe mes 2 années dans son cours. Il faut dire qu’après avoir brûlé une cuisine, cassé une machine à coudre, et emmêlé de la laine mieux que 10 chats livrés à eux-mêmes, j’étais devenue persona non grata dans les autres activités….

 

 

 

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